Guerre dAlgérie, témoignage << voir fin de page -comment réparer les dégats 2014>>
La guerre sur les terrains de sports Numero 1853 du journal <La voix du Combattant>>
Un document de 2022 ou l'on parle de Guyotville
Par le commissaire colonel (CR) François Couant (ECA 54)
Fin juin 1960, je découvre ma nouvelle affectation, le service de formation des jeunes en Algérie. C’est un poste « hors cadre » à la délégation du ministère de l’Algérie à Alger. Je quitte le commissariat des bases de Creil où j'étais adjoint au chef de service et chef des bureaux.
Je suis volontaire. Depuis mon premier séjour à la sortie de l’E.C.A., de septembre 1956 à novembre 1958, à Constantine au GALA n°1, groupe d’aviation légère d’appui sur T6 et ensuite à Bône au groupe de bombardement 1/91 Gascogne-B.26, je suis très intéressé par l’évolution de l’Algérie.
DR Frenchwings
A Alger, je retrouve beaucoup d’anciens de l’E.C.A. officiers des détails : Collobert, Teyssèdre, Grout de Beaufort et Duplessis -Kergomard ; et bien sûr mes collègues qui ont choisi les SAS et l’Algérie : Jourdren, Fropo, Abolivier.
Le service de formation des jeunes en Algérie (S.F.J.A.) fut créé en 1958 après l’action révolutionnaire du comité de salut public à Alger le 15 mai 1958, l’effacement du gouvernement à Paris et l’arrivée au pouvoir du général de Gaulle.
Cette création du service résultait du constat que les opérations de maintien de l’ordre ne suffiraient pas à rétablir le calme et la paix. Il fallait aussi mener une action psychologique sur l’ensemble de la population algérienne par l’adoption d’une nouvelle politique. Dans ce cadre, il était nécessaire de s’intéresser à la jeunesse algérienne, de l’aider à grandir, de lui faire ressentir que la France était sa patrie, son avenir, et la détourner du « mirage de l’indépendance », comme il se disait à l’époque. Le S.F.J.A. allait donc prendre en charge les jeunes ayant dépassé l’âge de la scolarité obligatoire, et n’étant pas encore entrés dans la vie active.
Vaste programme ! C’étaient des milliers de jeunes qui étaient concernés…
Bien entendu, aucune administration civile n’était en mesure d’assumer cette énorme tâche. Seule l’armée pouvait agir. Un officier général fut nommé directeur du service : le général Gribius, en 1958-1959, et le général Dunoyer de Segonzac, en 1959-1961.
Le S.F.J.A. était rattaché directement au ministère de l’Algérie dont les services se situaient au G.G, l’immeuble de l’ancien « gouvernement général » sur la place rendue célèbre par le « Je vous ai compris ! » du général de Gaulle.
La direction du service de formation des jeunes en Algérie était installée dans une propriété dans les hauts d’Alger, la villa Oued El Kilaï. Celle-ci, dans un très beau parc, présente une magnifique villa mauresque et ses dépendances.
Le personnel de la direction comprend des militaires des trois armes : officiers d’active, sous-officiers d’active, jeunes officiers affectés, et hommes du rang appelés. Parmi ces militaires appelés, on trouve beaucoup de sursitaires ayant effectué des études longues et de haut niveau, comme Sciences Po ou Normale supérieure.
Le service compte quelques civils contractuels venus de métropole : la secrétaire personnelle du directeur notamment, des spécialistes de l’enseignement ou des activités de jeunes (1); mais l’essentiel de l’effectif du personnel civil est constitué par une vingtaine d’employés recrutés sur place sous contrat. Ce sont des « algériens de souche » pour les trois-quarts, et des « pieds-noirs »(2) pour un quart. Ils occupent des emplois administratifs en tant que secrétaires, dactylographes ou comptables. Tous ces employés civils s’entendent apparemment très bien. Le directeur du personnel civil est un « pied-noir », ancien avocat.
L’organisation du service
A Alger, la direction du service : sous les ordres du général, directeur, un adjoint colonel ancien et chef d’état-major, un Bureau des personnels, un Bureau des études et programmes (rédaction des ouvrages d’enseignement et des programmes d’instruction, suivi des programmes, visite et inspection des centres de formation en Algérie et en métropole), une «Intendance » (un intendant, réserviste servant par contrats de 6 mois renouvelables, assisté par un officier d’intendance (commandant) chef d’un bureau administratif, et un commissaire de l’air moi-même.
Proche du bureau des études et programmes de la direction : l’école des cadres de Guyotville, dans la banlieue d’Alger, qui accueille les officiers appelés à leur affectation dans le service pour une formation adaptée.
Les bureaux départementaux : Dans chaque préfecture, le S.F.J.A. est présent par un bureau dirigé par un officier supérieur ou un capitaine ancien assisté d’une petite équipe administrative et de soutien (secrétaire, comptable, chauffeur) ;
Les centres de formation de jeunes (C.F.J) : ces centres de formation sont rattachés à des unités militaires qui assurent leur soutien et leur protection. Ils sont dirigés par un officier appelé, affecté dans le service, lui-même assisté par des moniteurs formés dans nos centres C.E.M.J.A.
Les activités consistent en l’étude du français et de métiers, dans la mesure où il a été possible de trouver des spécialistes compétents dans l’unité support. Les élèves de C.F.J. sont internes, logés, nourris et habillés.
Les foyers de jeunes et foyers sportifs : ils sont rattachés aux S.A.S. (sections administratives spécialisées (3). Ils regroupent les enfants, filles et garçons séparés. Dans la journée, un goûter très apprécié est servi aux enfants, et c’est sans doute souvent le seul repas pour nombre d’entre eux. A cet effet, une allocation est servie aux S.A.S. par les bureaux départementaux du Service, en fonction de la fréquentation des foyers concernés. Les foyers sont animés par des moniteurs et monitrices de notre service, mais aussi par des militaires appartenant à la S.A.S. et éventuellement aux unités militaires du secteur.
Dans ces foyers, on apprend le français, l’hygiène, la couture et les soins aux bébés pour les filles, ainsi que des rudiments de métiers. On y pratique aussi le sport.
Fin 1960, l’arrivée du commissaire colonel Cognault et l’évolution du service
L’intendant quitte le service car son contrat de 6 mois n’a pas été reconduit. Il est remplacé par le commissaire colonel Cognault qui tenait le poste de directeur du commissariat de la 4ème région aérienne à Aix-en-Provence (4).
Rapidement, le service se transforme : le commissaire Cognault devient le secrétaire général du S.F.J.A. photo
Je deviens l’adjoint au secrétaire général, et mes fonctions sont définies par un texte et s’élargissent : l’adjoint au secrétaire général a connaissance du courrier administratif du service ; il présente au secrétaire général les correspondances et les textes dont celui-ci s’est réservé la signature. Il assure la surveillance administrative des organismes du service, ce qui entraîne de nombreuses missions dans le bled. Il prépare le budget du service, et il est en charge du contentieux du service.
La réforme la plus importante est celle du renforcement du rôle des chefs de bureaux départementaux. Les crédits de fonctionnement de ces bureaux et des organismes du service présents sur leur territoire, leur sont délégués. Les dépenses locales sont désormais payées localement.
Cre col Cognault (à dr.)
Par ailleurs, le Secrétaire général n’hésite pas à quitter la villa Oued el Kilaï pour rencontrer les chefs de bureaux locaux, et visiter centres et foyers.
Le S.F.J.A. dispose désormais d’une meilleure administration, et le service a gagné en efficacité. L’année 1961 s’annonce donc bien.
1961 : les évènements impactent le service
Le 22 avril 1961, quatre généraux en deuxième section, en désaccord avec la politique concernant l’Algérie menée par le gouvernement, prennent le pouvoir à Alger. C’est le putsch d’Alger. Quelques jours après la fin de cette action, le général Dunoyer de Segonzac est relevé de ses fonctions de directeur du S.F.J.A. L’exécutif lui reproche sans doute d’avoir tardé à condamner l’action des insurgés.
Le S.F.J.A. sera sans chef pendant quelque temps. Le 1er octobre 1961, le général (2S) Ferhat Bouldjoua est nommé directeur du service. Pour la presse métropolitaine, c’est « un général musulman », le deuxième qui soit nommé. (Le premier était un colonel commandant un régiment de tirailleurs.)
Dans cette période, il fallait un certain courage pour prendre le poste de directeur du S.F.J.A., surtout si l’on était musulman. Jusqu’à la fin du Service, le général Bouldjoua fera preuve d’une grande dignité.
Malgré tous ces événements, en 1961 le Service a fonctionné, et fonctionné plutôt mieux.
1962 : le service est dissout
L’année commence mal. C’est la bataille de l’O.A.S. La villa Oued el Kilaï poursuit sa tâche sans la présence d’une grande partie de son personnel civil. Le retour au calme et les retrouvailles des employés de toutes origines donneront lieu à des scènes réconfortantes d’unité et d’amitié.
Dans le même temps, en janvier et février, la saison de préparation du budget est arrivée. Le directeur des finances de la délégation à Alger du ministère de l’Algérie, nous le rappelle. Tous les services sont donc invités à présenter leur projet de budget pour l’année 1963 !!!
Le S.F.J.A. ne manquera pas à l‘appel, ni les autres services. De nombreuses réunions se tiennent au G.G. Les « mesures nouvelles » sont présentées en nombre, convenablement chiffrées, et accompagnées de notes convaincantes… L’adjoint au secrétaire général fait son travail…
Après les accords d’Evian, le cessez-le-feu intervient le 19 mars 1962. Pour le Service, c’est le début de la fin : l’armée française effectue son retrait. L’unité militaire support, avant de dégager, dissout son centre de formation, et le S.A.S. abandonne son foyer de jeunes… Les pieds-noirs quittent en grand nombre l’Algérie avant l’indépendance.
Le 30 juin 1962, le général Bouldjoua signe l’acte de dissolution du Service.
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En fin 1960, le S.F.J.A. en chiffres :
- 36 officiers supérieurs
- 28 officiers subalternes
- 400 sous-lieutenants du contingent,
- 342 sous-officiers,
- 2 856 militaires du rang,
- 300 centres de formation de jeunes (C.F.J.)
- 700 foyers de jeunes
- 100 000 jeunes bénéficiaires de son action.
Il convient d’ajouter les employés civils recrutés sur place sous contrat, qui œuvrent à la direction du service et dans les bureaux départementaux.
A noter aussi que les officiers et sous-officiers d’active étaient « hors cadre », rattachés au ministère de l’Algérie, et censés être volontaires.
(1) Formés en métropole dans des centres d’entrainement des moniteurs des jeunes en Algérie (C.E.M.J.A.) : à Issoire, Fontenay le Comte, Rivesaltes pour les garçons appelés et volontaires, à Nantes pour les jeunes filles contractuelles (photo);
(2) Désigne les Français d'ascendance européenne installés en Afrique française du Nord jusqu'à l'indépendance des 3 pays concernés ;
(3) Voir notre article du 10 février 2013 « Feuille d'acanthe et képi bleu » par le commissaire lcl (cr) Michel Fropo (promo 55) ;
(4) Voir notre article du 4 janvier 2017
SFJA
Pour notre part dans la 434 UFO nous étions tous très bien installés dans ce centre de formation de la jeunesse Algérienne de Guyotville , qui avait pourtant subit un plastiquage aussi de l’O.A.S avant le 5 juin
Ce centre de formation, à Guyotville avait sans doute était conçu pour recevoir aussi en Algérie, les moniteurs formés a Issoire, pour qu’ils éduquent la Jeunesse Algérienne.
En effet, a Issoire dans le Puy de Dôme, avait été crée, une école en 1957, qui, sous l’impulsion du Ministre résidant, et par le biais du Service de Formation de la jeunesse D’Algérie, était de former en six mois des jeunes Algériens capables, dés le retour en Algérie d’encadrer, de diriger et de conseiller Il n’était pas tenu compte des origines sociales et politiques des Jeunes Algériens. Certains, au fil des stages, de 1957 à 1961, déclaraient à leurs chefs de ce centre d’Entraînement de Moniteurs de la Jeunesse d’Algérie, avoir fait un séjour dans l’A.L.N*.
(* Armée de Libération Nationale Algérienne)
Cette école d’Issoire avait comme devise « - savoir pour comprendre - comprendre pour bâtir »
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Historia Magazine
- Lapeyronnie Ancien cadre du centre D’entraînement des Moniteurs de la Jeunesse d’Algérie
« C.E.M.J.A » à Issoire 63 -5000 Elèves, y furent formés, dont certains, venaient de l' ALN
Il n’était pas tenu compte des origines sociales et politiques des Jeunes Algériens. Certains, au fil des stages, de 1957 à 1961, déclaraient à leurs chefs de ce centre d’Entraînement de Moniteurs de la Jeunesse d’Algérie, avoir fait un séjour dans l’A.L.N*.
(* Armée de Libération Nationale Algérienne)
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Or l'encadrement du SFJA comportait un Général, 256 officiers supérieurs et 400 sous-lieutenants.
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Extrait de la question posée a l'Assemblé Nationnale
Son personnel, engagé volontaire, était affecté, en fonction des besoins, dans une Section Administrative Spécialisée (SAS) ou Urbaine (SAU), foyer des jeunes ou centre de Formations des Jeunes en Algérie, commandés par un officier. Le SFJA est une organisation purement militaire, créée dans un contexte de guerre, dont l'armée s'est dotée comme arme essentielle pour démonter le processus révolutionnaire de terreur instauré par le FLN et l'ALN. Son financement était effectué sur le budget de l'armée. Aussi, le SFJA souhaiterait qu'un arrêté puisse être mis en place pour que cette formation puisse apparaître légitimement dans la liste des forces supplétives. En conséquence, il lui demande de bien vouloir lui indiquer quelles sont ses intentions.
Texte de la réponse publiée au J.O le : 27/05/2014 page : 4255
Le Service de Formation des Jeunes en Algérie (SFJA) a été créé, dans le cadre du plan de Constantine, afin que les jeunes algériens, non scolarisés, âgés de 14 à 20 ans, puissent recevoir un enseignement de base comprenant notamment une éducation civique et une initiation professionnelle. Si l'armée a joué un rôle important dans l'organisation du SFJA en fournissant la majeure partie du personnel et en formant les moniteurs dans des centres militaires en métropole, ce service n'a jamais cessé d'être un organisme civil.
Or, les formations supplétives dont la liste, arrêtée en 1975, a été étendue à la catégorie des assimilés lors du vote de la loi n° 94-488 du 11 juin 1994 relative aux rapatriés anciens membres des formations supplétives et assimilés ou victimes de la captivité en Algérie, présentent toutes un caractère d'unités combattantes ou ont participé activement aux opérations de maintien de l'ordre.
En tout état de cause, l'article 3 du décret n° 2005-477 du 17 mai 2005 pris pour application notamment de l'article 9 de la loi n° 2005-158 du 23 février 2005 portant reconnaissance de la Nation et contribution nationale en faveur des Français rapatriés, n'a fait que reprendre les formations supplétives reconnues en tant que telles depuis les débats de la loi de 1994.
Outre le fait que l'article 3 du décret du 17 mai 2005 n'est plus opérant aujourd'hui - la mesure instituée par l'article 9 de la loi précitée étant forclose depuis le 18 mai 2006 -, l'ajout par décret d'une catégorie supplémentaire de bénéficiaires ne pourrait qu'entraîner la censure du Conseil d'Etat qui doit être consulté. Il y a lieu de considérer également que le souhait du SFJA de voir prendre un simple arrêté l'incluant dans les formations supplétives conduirait à modifier l'éligibilité à une mesure législative, ce qui serait contraire au principe de légalité.
Pour l'ensemble des motifs qui précèdent, le SFJA ne peut figurer sur la liste des formations supplétives.
S'agissant de la situation des anciens personnels du SFJA au regard de leurs droits éventuels à la carte du combattant au titre de la guerre d'Algérie, il convient de rappeler que toute personne ayant appartenu à ce service et qui, en raison de son action au cours de ce conflit, s'estimerait fondée à obtenir cette carte, peut, à titre individuel, demander l'étude de sa situation par la commission nationale de la carte du combattant dans le cadre de la procédure exceptionnelle prévue par l'article R. 227 du code des pensions militaires d'invalidité et des victimes de la guerre. Cette procédure exceptionnelle est ouverte aux anciens personnels du SFJA.
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Guerre dAlgérie, témoignage
Date de dernière mise à jour : 24/03/2024
Commentaires (2)
1. Marquet 29/01/2022
J'ai été également moniteur de sport à BBA de 01/01/62 au 31/06/62 hébergé à la gendarmerie mobile
priou yvon marie noel Le 29/01/2022
Merci de ton message, moi je recherche des photos du cantonnement de Guyotville du service formation de la jeunesse algérienne